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4 mai 2007 5 04 /05 /mai /2007 21:34

On m'a quelquefois demandé comment je faisais pour trouver ces coins-là. Ce n'est pas très compliqué, encore faut-il connaître les habitudes du gibier. Autrement dit, dans le cas de Paris, avoir quelques notions d'histoire et de géographie. Nul besoin de courir les bibliothèques, le guide Michelin explique ça très bien et le guide Gallimard encore mieux, mais il est moins facilement transportable – achetez l'un ou l'autre, et même offrez-vous les deux, ça vous ouvrira les yeux.

Petite maison parisienne Petite maison parisienne

La limite actuelle de Paris est, à quelques retouches près, celle de 1860, fixée par Haussmann – celui-là, on n'y échappe pas ! Il a, d'un trait de plume, triplé la surface de Paris en annexant tous les territoires compris dans l'enceinte construite par Thiers en 1844. La précédente limite datait de juste avant la Révolution, c'était le mur des Fermiers Généraux.

Dans le Paris actuel, ça nous donne :

  • Enceinte de Thiers : entre le périphérique et les boulevards des Maréchaux.
    Les boulevard des Maréchaux – ceux qui portent le nom des maréchaux du Ier empire : Lefebvre, Ney, Brune, Masséna, Jourdan… toute la bande – sont la route stratégique qui longeait cette enceinte à l'intérieur.
    L'enceinte elle-même, après avoir brillamment prouvé son inutilité en 1870, a été démolie dans les années 20 et remplacée par un cordon d'HBM (habitations à bon marché, on ne parlait pas encore d'HLM et encore moins de logements sociaux), d'espaces verts, de stades et de piscines. Très homogènes, ces immeubles : six ou sept étages, l'emploi généreux de la brique en façade est peut-être un souvenir des origines nordistes de l'architecte.
    Enfin, au delà des fortifications s'étendait une zone non constructible (douce illusion),  la zone , tout court. C'est sur l'espace laissé libre par la zone qu'on a construit le périph' dans les années 50 et 60.
  • Mur des Fermiers Généraux : enceinte purement fiscale destinée à éliminer la fraude à l'octroi, impôt acquitté sur toutes les marchandises entrant en ville.
    Évidemment très mal vu, ce mur :  Le mur murant Paris rend Paris murmurant , disait un alexandrin de l'époque. Œuvre de Claude-Nicolas Ledoux, on le franchissait par des portes pas vraiment discrètes, il en subsiste quatre : les colonnes et pavillons de la Nation, ceux de Denfert-Rochereau, la rotonde du parc Monceau et celle de la Villette. À l'extérieur de ce mur : des boulevards, sur lesquels on a construit les deux lignes de métro aérien (2 et 6). En prenant l'une ou l'autre de ces lignes on voit très bien, par endroits, la différence entre (l'ancien) Paris, d'un côté, et les faubourgs, de l'autre.

Fort bien, mais encore ?

Vous vous figurez ces deux anneaux emboîtés, le périph' et le métro ? Bien. Entre les deux, c'était de la banlieue, de la banlieue d'avant le béton. Des villages comme Charonne, Belleville, Auteuil, Bercy, Vaugirard, la Villette… et bien sûr Montmartre. De vrais villages agricoles où poussaient les poireaux et les haricots qui allaient nourrir la grand'ville, où, sur les collines, des moulins à vent produisaient la farine du pain des parigots-tête de veau – et n'oublions pas le pinard, naturellement. Petit à petit, ces coins se sont peuplés d'ouvriers attirés par l'industrie naissante, de rentiers, de gens voulant se loger moins cher et plus au large qu'en ville (vieille histoire, comme vous voyez). Les maraîchers ont loti leurs plates-bandes, les chemins entre les potagers sont devenus des rues. Elles portent souvent le nom de l'ancien propriétaire (le plus bel exemple : la rue Dieu ! Il y avait bien un monsieur Dieu !) du terrain ou quelquefois un nom bien rural : rue des Vignoles, rue de la Mare, et d'autres. Et les nouveaux propriétaires se sont fait construire de coquets Sam'suffit.

Nous y voilà : pour trouver des maisons comme celle-ci, prenez un plan de Paris, regardez dans les arrondissements périphériques, oubliez les grands axes et, quand ça devient un quadrillage de petites rues ou d'impasses (toujours fructueuse, la pêche aux impasses !) dont les noms n'évoquent aucune célébrité historique, prenez le métro, de bonnes chaussures, et allez voir.

Et n'oubliez pas de vous perdre.

commentaires

M
On dirait que mon commentaire précédent n'est pas passé... Donc je recommence, je disais donc qu'en effet, je découvre votre blog avec plaisir...<br /> Paris est une ville que je ne connait qu'en touriste, l'appareil photo dans la poche pour prendre des petites coins cachés qui font oublier la grandeur de la ville...
Répondre
M
Oui, j'ai reçu l'alerte pour le commentaire précédent mais il s'est perdu dans la tourmente du passage en v2 ! Pour revenir au sujet : nous avons la même manière de parcourir une ville, dirait-on ...
Z
Très bien fait ton blog. Et instructif.
Répondre
M
Merci ... Y a plus qu'à revenir ! :-D

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