Aimer une ville, un ami, ses enfants ou la femme de sa vie, c'est profondément pareil – malgré les nuances du verbe aimer
, malgré les précautions oratoires que j'aurais dû prendre en parlant d' un
ami, de la femme de sa vie
… zut, là n'est pas mon propos. On commence par aimer ce que tout le monde pourrait percevoir et apprécier : de beaux yeux, un caractère agréable, trois étoiles dans les guides… on ne continue que par ce qu'on découvre soi-même, que nul ne signale, on ne le découvre que si on le voit, on ne le voit que si on ne refuse pas de le voir. Recevoir ce qui vient au lieu d'attendre à toute force, de cette attente qui exige, l'attraction sensationnelle, le mot d'esprit brillant ou le câlin inédit. Tant de gens se déclarent déçus qui ne sont que décevants. On parle d'un paysage qui s'offre au regard
, sait-on toujours lui offrir son regard, son attention, son temps ?
Philosophique préambule… Un soir dernier, une correspondance de métro (comme c'est romantique) me faisait marcher de la gare d'Austerlitz à celle de Lyon par le pont Charles-de-Gaulle (comme c'est noble), il faisait nuit et un froid de canard (comme c'est sensuel), je trimballais mon appareil photo (parce qu'on ne sait jamais – précepte essentiel).
À l'entrée du pont j'ai aperçu la tour de la gare sur l'autre berge, entre les immeubles de bureaux – paysage qui d'habitude me met mal à l'aise. L'horloge de la gare brillait, se reflétait en fausse lune sur les immeubles… j'ai pris le temps et une photo, que voici.
La photo agrandie (1024 pixels).
La photo réduite .