Champignons de vieux garçon

Au marché, procurez-vous 200 grammes de champignons. De Paris, de préférence des rosés, plus savoureux. Ou des pleurotes. Voire des girolles. Des morilles si vous avez de la chance. Évitez le peyotl, à moins d'avoir des vues précises sur la créature charmante et récalcitrante qui partagera votre chère et plus si affinités (présentement sujettes à caution). La franchise m'oblige cependant à dire que ce procédé vous range dans les sales types infréquentables. Évitez aussi l'amanite phalloïde, à moins d'avoir invité belle-maman à partager votre tambouille. La franchise m'oblige aussi à vous dire que ce procédé vous range dans les sales types. Excusables. De toute façon, si vous avez une belle-maman à inviter, vous sortez de la définition de cette recette.

Procurez-vous aussi un pot de crème épaisse, 20 centilitres suffisent largement. Je précise : de la crème à manger, pas de la crème solaire.

Procurez-vous un coin de plaque chauffante, feu très doux. Posez-y la casserole, deux bonnes grosses cuillères à soupe de crème à l'intérieur, une giclée d'eau si la crème est vraiment épaisse.

Pendant ce temps, coupez le pied terreux des champignons, rincez-les (les champignons, sot, pas les pieds). On n'épluche pas un champignon, tout au plus on le brosse – gardez donc vos vieilles brosses à dents, ainsi que vos dents mais là on s'écarte du sujet.

Lavés, brossés, coupez les champignons en quartiers (ou en octiers s'ils sont très gros), évitez le découpage en lamelles : trop de boulot.

Drop ze champignons into ze casserole. La crème devrait être un peu plus fluide maintenant qu'elle a chauffé, touillez savamment le tout pour barbouiller les champignons de crème, couvrez partiellement. Réglage du feu : juste assez pour former quelques mignonnes bubulles.

Vous en prenez pour une bonne demi-heure de cuisson, à feu doux infra-bubulles. Pendant ce temps, vous pouvez préparer du lieu noir à la Djac Baweur (et au citron). Je vous suggère cependant de remplacer les haricots par des tagliatelles, fraîches si vous avez un dealer convenable dans votre quartier. Et le lieu noir par du saumon. Ou de la daurade. Ou du rôti de porc. Ou du lieu, après tout. Mais sans citron.

Vous pouvez aussi mettre à profit cette demi-heure pour téléphoner cinq minutes à votre maman. Ou pour consacrer trente secondes à la lecture du blog des copains. Ou pour réviser la spécification CSS2. Dans tous ces cas de figure, notez que vous ne dînerez que de champignons cramés. À éviter, donc. Concentrez-vous plutôt sur le lieu noir à la Djac Baweur, façon daurade et tagliatelles au jus de méninges (article futur).

Au bout de l'approximative demi-heure, goûtez. Si les morceaux de champignons sont encore trop fermes, ben c'était plutôt trente-cinq minutes. Agissez en conséquence, vous êtes un grand garçon, maintenant. Si les morceaux de champignons sont tout durs, tout noirs, au fond d'une casserole goudronneuse, jetez la pendule de votre cuisine et ouvrez une boîte. Tentez de fourguer le goudron aux Ponts et Chaussées. N'oubliez pas de couper le feu sous la casserole, au fait.

Normalement, c'est bon et ça se digère bien.

Comments

[frelon]

Dés qu'on parle de bonne bouffe je sors de mon trou. Et le champignon sur lequel tu appuies ta recette est l'un de mes mets préférés, le parisien sur couche les jours de flemme, le sauvage au goût de sueur surpris au débouché d'un sentier, je les adore! Tiens! puisqu'on parle de "débouché", y'a pas comme un oubli dans ton article?

Ardalia> Brendufat parle de Bouffe là! c'est hyper sérieux! laisse tes neurones de coté! :-D

[Bren du fat !]

Ahhh ben voilà, j'ai trouvé l'appeau à frelon !
Pour le "débouché", tout dépend de ce avec quoi tu sers la chose. Pour un poisson un peu goûteux (vaut mieux, pour tenir le choc) je verrais assez bien un très bon rosé (il y en a) de Provence
(Minuty ou Terrebrune, domaines Ott si tu veux frimer avec un vin trop cher). Sur de la viande... un Côtes de Nuits si tu es en fonds, un honnête Chinon dans le cas contraire.
M'enfin ça, c'est des penchants personnels et discutables, pas des oracles.

[Maybe]

pov'gustave
\me part sur la pointe des arpions...

[Ardalia]

Ah ah, comment le Djac se la pète! A nouvelle saison, nouvelle chanson... :-p

Sinon, je préfère les champignons en lamelle vu que j'aime pas vraiment les champis et que en plus ça fait prouter. Si. Donc, quitte a se casser le cul pour rien, autant y aller à fond. Mouf.
Une remarque sur les subtilités du français et la coordination. En général, la coordination est représentée par le petit mot "et", lequel, s'il doit être répété, sera avantageusement remplacé par une virgule. Ainsi : Lavés, brossés, coupés en lamelles, les champignons seront jetés dans la poële avec dégoût."
Coordonnez deux adjectifs, on s'attend à un troisième et patati patata (on coordonne la même chose, toujou toujou!). Toute autre manière sans introduction éclaircissante est troublante. Ainsi :
"Lavés, brossés, coupez les champignons en quartiers."
Qui peut s'interpréter comme : "Quand nous serez lavés et brossés, vous aurez le droit d'approcher les champis, bande de cradingues."
Une petite intro définissant les rôles et l'objet auquel se rapportent les déterminants n'est pas de trop, ainsi :
"Une fois que vous aurez lavé et brossé les champis...
ou
"Les champis dûment lavés et brossés, coupez-les gnagnagni.
On rigole mais ce genre de truc colle des migraines à l'analyse grammaticale de Flaubert, par exemple. Jamais chez Hugo. Voilà. La crème fraiche, c'est bon. Il fait gris ici. Polom.

[Bren du fat !]

Dis pas de mal des champignons, toué... Bravo pour l'analyse grammaticale.
L'ambiguïté s'est formée, comme il arrive souvent, lorsque la phrase a changé de construction en cours de rédaction. Telle qu'elle est maintenant bâtie elle est, dans sa forme, limpide : "il faut
se laver puis se brosser avant de couper les champignons", Ce n'était bien sûr pas mon propos initial mais l'équivoque une fois découverte m'a amusé, je l'ai laissée.
Sinon [faux naïf ON] voilà que tu m'assimiles à Flaubert ? Roohhhhh, fallait pas ! :-D

[Djac Baweur]

À ma prochaine escalope de veau je fais ça (y'a pas que le lieu dans la vie).
Et j'atteste que point n'est besoin de peyotl pour faire des trucs après. Ça marche avec de simple champignons de Paris, si si.

[Bren du fat !]

Avec une escalope, bonne idée. L'important (vraiment) est que les champignons aient du goût. Peut-être qu'un soupçon de noix de muscade, ajouté à la fin, se marierait bien. Faut tester.

[Maybe]

hahahaha, il l'a fait !! :-)))
(heu l'amanite, ch'peux la réserver à maman tout court?)
Hum.
Cémalin, maintenant j'ai faim, sniff.

[Bren du fat !]

Nonméalors, fallait pas m'chercher !
[fait rouler ses muscles puissants sous son ticheurte trop petit d'une taille]