Il y a les amis. Et il y a les z-âmis.
Vos z-âmis ont de nombreux autres z-âmis, ils se voient beaucoup ; d'ailleurs, ils ne manquent pas de vous annoncer qu' ils passent quelques jours chez des z-âmis
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Vos amis ne sont, simplement, pas là
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Vos z-âmis ne manqueront alors pas de saluer l'ami Untel
de votre part. Vos amis vous demanderont de saluer Untel de leur part.
Vous avez des joies ? Vos z-âmis sont très contents pour vous
et vous le disent très bien, très chaleureusement.
Vos amis sont heureux – et le disent n'importe comment, si leur joie leur en laisse le loisir.
Vous avez des questions ? Vos z-âmis sont très intelligents, toujours. Très agréables, toujours. Leurs réponses sont instantanées, copieuses, et même parfois pertinentes.
Vos amis ne savent pas toujours – et vous demandent de leur laisser le temps de chercher.
Vous devez prendre une décision ? Votre vie intéresse beaucoup vos z-âmis et leurs avis sont infaillibles. Vos z-âmis sont dévoués et jamais pris au dépourvu, toujours prêts à se mettre à votre place et à vous donner les plus sages conseils.
Vos amis vous demandent ce qui se passe.
Vous avez des ennuis ? Vos z-âmis se regardent, l'œil grave et l'air contrit : Il (elle) n'a pas l'air d'aller, laissons-le (la) tranquille, il (elle) pourrait mal le prendre. Et puis ça risque d'être long et compliqué
– et se louent mutuellement de leur affectueuse prudence.
Vos amis poussent en toute feinte innocence la porte d'un bureau, celle d'un répondeur téléphonique ou d'un sourire stoïque, oublient leur montre, se préparent à l'algarade et se renseignent : Je me fais des idées ou tu as des soucis ?
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Une citation s'impose … mais les z-âmis cultivés l'utilisent beaucoup : Parce que c'était lui, parce que c'était moi.
De qui ?
S'ils la découvrent, vos amis restent songeurs.
Tout cela est tout de même bien compliqué. Comment donc faire la différence ?
Ayez des ennuis.