Autre carte postale - La Tour Eiffel

Encore une image inévitable… mais pourquoi bouder son plaisir ? Celle-ci, de plus, ravive de vieux souvenirs de l'époque où j'habitais le quartier.

Certains soirs je croisais les petits ânes du Champ de Mars, fourbus d'avoir promené les gamins toute la journée. Ils rentraient sagement, encore sellés, à je ne sais quelle écurie installée dans un garage voisin. Leur procession tranquille, campagnarde, par les rues étroites de Vaugirard, était suivie par le même bouchon résigné et malchanceux qui escorte les transhumances dans la montagne, bien loin d'ici. Le font-ils encore ?

Au hasard des journées j'apercevais parfois la Tour par-dessus les toits, aérienne, familière et incongrue, exactement comme ici.

C'était avant qu'on lui donne son merveilleux éclairage doré d'aujourd'hui. Elle était alors éclairée depuis le sol par des projecteurs à vapeur de mercure. Leur lumière était crue et blafarde, fantômatique, intimidante. Ils furent remplacés par des lampes à vapeur de sodium, moins puissantes mais plus nombreuses et fixées directement aux poutrelles : au lieu d'être éclairée, la Tour brillait et c'était saisissant.

J'avais vingt ans, je me disais que je logeais à Paris et que la tour Eiffel était ma voisine. Il m'en venait la joie intense, naïve, un peu surannée du gosse de province nourri de lectures qui découvre enfin la capitale, joie que j'ai retrouvée intacte en revenant vivre ici il y a quelques années. À chacun sa madeleine.

Bergère Tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin Apollinaire

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Si cette photo n'est pas très piquée c'est parce que le 1/15e de seconde à main levée, au téléobjectif et par temps sombre, c'est pas de la tarte !

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