L'autobus

Vignette parisienne – encore un recyclage.

---

Dans les rues étroites de Saint-Germain-des-Prés, un bus presque aussi large que la chaussée est resté coincé dans un carrefour délicat, bloqué par une voiture mal garée au débouché du susdit carrefour.

Personne dans la voiture, il va sans dire.

Dans le bus échoué entre les façades du XVIIe siècle, on prend son mal en patience. Derrière, dans les deux rues que bloque la pauvre bête, ça commence à klaxonner, à râler.

Et le chauffeur –
Devrait sans doute
S'allier au choeur
Qui veut la route,

ou lui expliquer en claire prose professionnelle : "P. de N. de D. de b. de m. ! Je boooosse, moi !"

… que sais-je, les mots doux ne manquent pas en ces circonstances.

Mais le chauffeur –
est une chauffeuse (chaufferesse ? ça ne me dit rien).

Et le chauffeur –
qui est une chauffeuse (Diane chaufferesse ? ça ne me dit toujours rien) –
n'a pas les poumons, ni la salive, ni l'envie de haranguer les poissons dans la nasse.

Alors la … la conductrice (ah ! enfin j'ai trouvé ! ) – assise sur son siège ni chauffeuse ni chaufferette – a sorti de sa musette réglementaire aiguilles et pelotes, et tricote tranquille.

Suspendue à un mètre du sol, sereine derrière le pare-brise géant de sa baleine roulante – elle est adorable.

Civilisation est du genre féminin : il n'y a pas de hasard.

Bus, métro, train
Parisien(ne)s