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3 mai 2008 6 03 /05 /mai /2008 00:13

Juste quelques vues d'une promenade sans but dans ce coin tranquille de Saint-Germain-des-Prés que j'aime bien, depuis longtemps.

Le boulevard Saint-Germain lui-même n'a plus beaucoup de caractère. Des librairies sont devenues vente de fringues, les petits rades des sandwicheries, les  beaux cafés  des pizzeria ou des fast-food… Tous commerces estimables mais que l'on peut trouver n'importe où, l'accumulation en est un peu décourageante où ne subsistent que quelques îlots singuliers, historiques, derniers Mohicans. Gâchis.

Aussi préféré-je l'écart des rues tranquilles, épargnées bien malgré lui par Haussmann : si la rue de Rennes, toute proche, est numérotée à partir de 41, c'est parce qu'elle devait aller jusqu'à la Seine, tout droit à travers ce quartier… et déboucher au ras de l'Institut. Le lobby des Académiciens s'activa victorieusement contre le remuant préfet.


Rue Cardinale, Paris VI


La rue Jacob et ses voisines sont un de mes greniers à souvenirs.

Ici, rue Cardinale, on est dans l'ancien enclos de l'abbaye, dans un terrain cédé par le cardinal de Furstenberg, alors abbé. De là le nom de la rue et celui de la place Furstenberg voisine, qui conserve le dernier atelier de Delacroix, devenu musée – même si vous n'aimez pas Delacroix faites-y un tour, l'endroit est calme et inchangé depuis plus d'un siècle.

Dans le coude de la rue un bouquet de cheminées cherche le soleil, comme il le faisait déjà en 1700.



Palais abbatial, Paris VI


Le palais abbatial. Restauré voilà une trentaine d'années, il est un des premiers bâtiments du style Henri IV-Louis XIII qui donnerait toute sa mesure peu après sur la place des Vosges.

L'abbaye était ancienne, actif foyer de vie intellectuelle, et très riche : propriétaire d'à peu près tout le VIe et le VIIe arrondissements actuels, l'abbé pouvait se loger confortablement.

Le voisin d'en face, sa terrasse au sud, son arbre sur la terrasse… me font assez envie, eux aussi.



Le clocher de Saint-Germain-des-Prés


Comme partout les digicodes briment l'amateur de jolis recoins.

Heureusement nombre de galeries, d'éditeurs, de boutiques… se sont installés dans des cours, si bien que la porte sur la rue reste grand ouverte et livre souvent une vue simple, intime, civilisée.



Jolies jambes...







Incorrigible…



Pierre à paysage

Ce paysage n'est pas fait de main d'homme.

On l'appelle une paesina, c'est un morceau de marbre venu d'une certaine région de Toscane, et les motifs en sont de pure géologie. Ces pierres à paysage, qu'on appelle aussi des  pierres-aux-masures  car certains dessins évoquent des maisons en ruines, sont connues et recherchées depuis longtemps.

À la Renaissance, certains riches collectionneurs y faisaient même peindre de petits personnages ou des scènes mythologiques pour parfaire l'illusion. Roger Caillois en était grand amateur et leur a consacré plusieurs livres, dans son style impeccable et un peu raide : cet homme connaissait par cœur le  Discours de la Méthode  L'écriture des pierres  (Skira-Flammarion) est une assez étonnante méditation sur ces pierres singulières, aux illustrations splendides.

Une petite galerie, installée dans une boutique sans apprêt de la rue Jacob, ne vend que ces pierres et je ne lui connais pas de concurrent. Je crois bien que Caillois se fournissait là. Le galeriste est maintenant un alerte vieux monsieur, qui court toujours la planète.

Il n'est pas éternel, allez vous offrir ou vous faire offrir une de ses pierres (pas si chères que ça, en plus) avant de découvrir ici des T-shirts ornés d'une Tour Eiffel en strass.

Allez au moins rêver devant la vitrine…

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