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24 mai 2008 6 24 /05 /mai /2008 21:28

Article pas sérieux mais très sérieux.


Or donc le Monbazillac, la compagnie agréable, le désir imbécile galant d'éblouir les jolies dames… tout ça est évoqué dans cet article.

Rappelons la question soumise à la sagacité des lecteurs assez honnêtes pour laisser Google et Wikipédia tranquilles :  d'où vient le nom de la rue du Pélican ? 

Saluons d'abord l'explication québecoise présentée dans ce commentaire.

Étudions ensuite la piste scandinave découverte ici.

Remarquons enfin l'ingénieuse hypothèse ornithologique émise .

Pour en apprendre davantage sur la vie et les mœurs du pélican, je ne peux que vous renvoyer à cette remarquable étude publiée dans un blog que vous devriez tous être en train de déguster à petites lampées, avec gourmandise et componction.

Et revenons à nos choux-fleurs.

Le contexte urbanistique et socio-culturel contemporain

Tout est dit dans ce feuillet tiré d'un de mes carnets récents :

Le contexte urbanistique médiéval

Au XIIIe siècle le quartier était un peu différent (et moi j'étais plus jeune). La rue du Pélican existait déjà, le Louvre et la rue Saint-Honoré aussi. Pour le reste…

D'abord et d'une, la rue du Pélican se trouvait hors les murs de la ville. Car il y avait un mur, un putain de très impressionnant mur encerclant la ville. Érigé par Philippe-Auguste autour de l'an 1200 et de sa bonne ville, je vous en ai déjà montré un bout ici. Le plus grand morceau se trouve de l'autre côté de la ville, dans le IVe arrondissement derrière le lycée Charlemagne, et il ressemble à ça :

Mur de philippe Auguste - Paris IV

Pour vous en faire une idée plus exacte, complétez-le vers le haut jusqu'au tracé orange, et creusez vers le bas jusqu'au sol naturel de Paris – vous pouvez déblayer sans souci un ou deux étages de gravats. Mignonne maçonnerie, non ? Voilà pour le mur. Si vous avez déjà vu Carcassonne, vous avez compris.

Enfin et de deux, le Louvre. Prenez l'actuelle Cour Carrée, visible sur le croquis précédent, n'en gardez que le quart Sud-Ouest, virez le roi et sa cour (qui vivaient sur l'île de la Cité, petit topo ici), et transformez ce quart en château-fort. Pas un truc en stuc façon Disney, non non, un bon gros château-fort bien costaud, bien carré, avec une tour à chaque coin et un maousse donjon au milieu. Avec ça, vous protégez la ville contre les casse-pieds venus en remontant la Seine – le souvenir des Normands, bien qu'ancien, était demeuré vivace.

Je n'ai pas retrouvé de photo d'époque dans mes archives, aussi vous ai-je bricolé ce petit crobard superposable au précédent :

Le contexte socio-économique médiéval

Dans le cas général, vous êtes jeune (on ne faisait pas de très vieux os), vigoureux (puisque vous n'êtes pas mort en bas âge ou dans vos premières années, comme la moitié de vos douze frères et sœurs), et sans une thune puisque votre aîné a tout ramassé (probablement pas grand-chose de toute manière). Comment ne pas mourir de faim ?

Garçon, vous pouvez vous faire soldat – métier dangereux en temps de guerre, mais vous voilà casé au Louvre ou sur le mur. Vous pouvez entrer au service d'un plus riche que vous – et vous voilà casé en ville. Vous pouvez aussi virer truand – métier dangereux en tous temps, mais il faut bien vivre. Vous pouvez enfin vous faire moine ou mendiant, il existe des passerelles entre toutes ces activités.

Fille, vous pouvez d'abord et avant tout vous marier – casée en ville. À défaut, faites-vous nonne ou servante – casée là aussi. Au pire, vous aussi pouvez virer truande ou mendiante.

Vous pouvez enfin – stop.

Faites sortir les mômes.

Toi, ma fille, j'ai pas le choix – fichue majorité à dix-huit ans – comme je sais que tu t'incrusterais tout de même… reste donc, va.

Les autres, dehors.


Puisque nous voilà entre grandes personnes, poursuivons. Vous pouvez enfin, sans chichis superflus, faire le tapin.

La prostitution est une très vieille industrie à Paris et ailleurs, les périodiques agitations du guet, des archers, des argousins, des pandores, des prévôts, des préfets, des ministres… ne font que cacher la poussière sous le tapis. La rubrique  Relaxation  des pages jaunes a connu un essor étonnant ces derniers temps – je m'égare.

Très vieille industrie, et encore plus florissante autrefois : les  vals d'amour  étaient innombrables. Ce canton éloigné de la ville, rempli de gens d'armes vivant dans un environnement riant et épanouissant, avait aussi les siens, et notre rue du Pélican était du nombre.

Oui oui oui.

Rigolo, intéressant, mais…


…le Pélican ?

Le Moyen Âge avait le goût de la propriété des termes et aucun sens de la périphrase. La rue était donc, tout ingénument,


la rue du



poil au con.


Pour en savoir davantage sur le mur de Philippe Auguste, visitez Paris à l'époque de Philippe-Auguste, très joli site d'un doux maniaque selon mon cœur.

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