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30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 19:28

Les boulevards des Maréchaux : un cercle autour de Paris, l'ancienne route stratégique longeant l'enceinte de Thiers par l'intérieur. L'autre anneau, l'autre enceinte, le boulevard périphérique, court à l'extérieur. Entre les deux, on a bâti entre les deux guerres, à la place des bastions, une succession de logements sociaux pas plus vilains que d'autres, de stades, de lycées, de squares… Pourquoi  les Maréchaux , au fait ? Origine militaire oblige, ces boulevards portent les noms des maréchaux de Napoléon, dans un ordre qui m'est encore mystérieux. L'automobiliste les utilise volontiers en délestage du périph', le piéton les évite : larges, bruyants, monotones… strictement utilitaires.

Et pourtant… comme partout on peut avoir des surprises. Tout en haut du fronton d'un immeuble des années 30, un silène goguenard attend qu'on le remarque.

On le sait,  quand le sage montre la lune… . Il faut suivre le regard vide du masque. Sur le trottoir d'en face, deux immeubles bien gris, bien banals, bien  cinq - étages - et - combles - avec - balcon - filant - au - cinquième , bien parisiens en somme, s'écartent sans bruit malgré leur masse, ouvrant une faille, un trait de scie étroit et bien net :

On s'avance, on prend de court le petit lutin de la voirie : tout occupé à poser en vitesse la belle plaque émaillée réglementaire, en lettres blanches sur fond bleu, pour indiquer que ceci n'est pas une rue ni une impasse mais un  sentier , il n'a pas eu le temps d'effacer le tag. Ou peut-être fallait-il laisser ce signe conjuratoire, pour empêcher les murs de se refermer ? Mystère bureaucratique.

Monter les marches de guingois. Les pavés ronds sont traîtres aux chevilles imprudentes, au moins sont-ils bien réels, solides. Personne.

Quelques mètres dans le goulet suffisent à étouffer le vacarme du boulevard, puis à l'éteindre définitivement. Borne du silence.

Le pas ralentit, involontairement, et l'oreille sonde : pas une voix, pas un bruit, seulement le murmure des feuilles dans le vent et quelques pépiements.

Au bout, c'est l'invitation au voyage :

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