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27 février 2007 2 27 /02 /février /2007 01:06

Paris - Pont du métro par-dessus la Promenade plantée

Regardez bien cette photo : vous ne verrez pas souvent le croisement de deux voies de chemin de fer, et en pleine ville pour compléter le tableau ! Patience, tout va bientôt s'éclaircir.

Première voie, vue de côté : le métro, dont il ne faut pas oublier que, pour l'état-civil, il est le  chemin de fer métropolitain . L'édifice de brique, en haut de la photo, est la station  Bel-Air  sur la ligne 6.

Deuxième voie : le chemin de fer de Vincennes. Le terminus était la gare de la Bastille, aujourd'hui remplacée par l'Opéra, et le réseau de banlieue est devenu une partie du RER A. Le trajet urbain se composait d'abord d'un viaduc au départ de la gare, le long de l'avenue Daumesnil, puis la voie venait toucher terre sur les hauteurs (on ne sourit pas !) de Reuilly pour filer ensuite vers l'Est et la banlieue, en passant de temps à autre en tranchée. Pourquoi tous ces ouvrages ? La ligne est ancienne et n'accueillait pas d'énormes machines. Je suppose que les locomotives de l'époque exigeaient une voie aussi horizontale que possible.

C'est aussi parce que ce chemin de fer de Vincennes était déjà là que la ligne 6, pour le croiser, sort de terre juste pour la station que vous apercevez avant de retourner se réfugier sous le boulevard et finir sa course à la Nation.

Ce réseau urbain n'a plus été exploité à partir des années 1970. La gare de la Bastille était déjà démolie quand je suis arrivé à Paris, mais le viaduc était toujours debout, crasseux, minable. Je l'apercevais au loin en sortant de la gare de Lyon et me demandais bien ce que ce pouvait être.

La voie était à l'abandon, envahie doucement par une végétation enfin tranquille : ronces, herbes folles, et même, avec le temps, arbrisseaux vigoureux. Un coin de pure poésie anarchique, loin de tout. Qu'en faire ? Les années Pompidou étaient encore récentes, et on aurait volontiers converti la chose en une magnifique sortie pour l'autoroute de l'Est – la même idée brillante avait été très sérieusement étudiée du côté de la rue Vercingétorix, vers Montparnasse. Paris-Bagnole, brrrr.

Le temps a passé, les présidents se sont succédé, la bienfaisante inertie administrative a laissé aux idées le temps de changer, et la suggestion au départ saugrenue de transformer la voie en promenade a pris le dessus. Le résultat, sous vos yeux, est un de mes jardins publics préférés : vingt mètres dans un sens, peut-être trois kilomètres dans l'autre, trois kilomètres où l'on ne rencontre pas un feu tricolore.

Des joggers, des vélos (il y a une piste cyclable), des poussettes, des grand-mères et des jolies mamans, des gamins… mais je n'ai encore vu aucun jouer à faire  tchou-tchou . Y a plus d'enfants ? Je devrais peut-être relever le flambeau.

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