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19 juillet 2009 7 19 /07 /juillet /2009 13:41

Peut-être pensez-vous :  Un ordinateur ? Ben… un écran, un clavier comme celui d'une machine à écrire avec des touches en plus, presque toujours une souris, souvent une connexion au Web/à Internet (c'est pareil, non ?) et, quand ça ne plante pas, on fait des trucs plus ou moins utiles avec. Ah oui : si ce n'est pas un Mac (beau mais cher) c'est un PC sous Windows ou, pour les geeks, sous Linux. 

Et moi je vous dis : un ordinateur est 1– une machine 2– apte à traiter des données 3– de manière prévisible (au futur)/explicable (au passé) 4– et modifiable. Wouh… dire que je viens de vous improviser ça de chic ou à peu près !

Beau mais peut-être un brin irréel ? Contre-exemples et exemples, du plus prévisible au plus insolite.


Si vous avez travaillé dans des bureaux vous avez peut-être utilisé des  écrans-claviers , des  terminaux  d'ordinateur (les indestructibles IBM 3270 ou les mignonnes VT de Digital). Physiquement, ces engins ressemblent beaucoup à la bécane sur laquelle vous lisez cet article : un écran, un clavier, des fils partout. Il n'y a pas la grosse boîte rectangulaire à côté mais, après tout, sur un ordinateur portable il n'y a pas non plus de grosse boîte (et moins de fils).

Alors ? Alors si vous emportez chez vous la bécane du bureau vous pourrez continuer à travailler ou faire des réussites, 220V suffiront. Si vous emportez le terminal vous pourrez tout juste l'utiliser comme presse-papiers : il ne sait que recevoir (à l'écran) des données et en envoyer (depuis le clavier), il est incapable de calculer 2+2. Ces données (2+2 dans un sens, 4 dans l'autre) il les échange, via un fil le plus souvent, avec le  gros  ordinateur qui se trouve… ailleurs, dans un bunker climatisé ou sous le bureau d'un technicien. En anglais c'est un  dumb terminal , un terminal stupide, expression plus parlante que  terminal passif  (aussi exact mais moins drôle).

Autre contre-exemple, domestique celui-ci : le Minitel est un  dumb terminal . Non relié au téléphone (et, à travers lui, à des ordinateurs), il ne sert à rien : encore un presse-papiers.

Pour rester dans la téléphonie : un téléphone portable perfectionné (iPhone) est un ordinateur, un poste en bakélite est un terminal passif. Pourtant les deux sont des téléphones.

Encore un contre-exemple : un poste de télévision, malgré son écran et le clavier de la télécommande, n'EST pas un ordinateur. Sorti de réglages globaux (luminosité, volume sonore) il est incapable de traiter ce qu'il reçoit. Ce serait différent si, par exemple, il savait élaborer des sous-titres pour malentendants à partir de la bande-son (sans même parler de traduction). C'est bien pourquoi on emploie le mot de  récepteur  : encore un terminal passif (je ne me prononcerai pas sur le cas du spectateur).


Laissons les joujoux électroniques. Bien qu'elle se contente elle aussi de 220V (et de deux tuyaux pour l'eau), une machine à laver  programmable  n'EST PAS un ordinateur : vous pouvez choisir un programme de lavage, pas en élaborer ou en acheter un nouveau. La machine est programmée, pas programmable, son  programmateur  n'est qu'une minuterie perfectionnée.

Un métier Jacquard n'EST PAS un ordinateur : il est vrai que vous pouvez créer de nouveaux cartons (supériorité sur le lave-linge) mais le métier se contentera de traduire les trous en motifs tissés. Il n'y a aucun moyen de dire (je crois, suis pas expert en textile)  voilà une couleur de début et une de fin, fais-moi un mètre de tissu en dégradé de couleurs  : alors que ces trois données suffiraient à un tisserand humain, il faudra décrire au métier le travail ligne à ligne. Ou alors perfectionner sa mécanique pour qu'il comprenne cette forme précise d'indication synthétique, mais un nouveau besoin demandera un nouveau perfectionnement matériel. Même(s) remarque(s) pour une boîte à musique et son cylindre à picots. En revanche vous pouvez, sans toucher au matériel, brancher sur un ordinateur ancien (pas trop…) un périphérique qui n'existait pas lors de la conception de la machine : il faudra tout au plus ajouter un programme (le pilote ou  driver  livré avec le périphérique) pour permettre le dialogue.

Cette dernière remarque conduit à dire qu'une console de jeux EST un ordinateur (spécialisé) : son catalogue de jeux s'enrichit bien après sa sortie et on peut lui faire faire autre chose que des jeux. On a daubé sur l'inquiétude des États-Unis lorsque Saddam Hussein a importé massivement des PS/3, on n'avait pas forcément raison : elles contiennent des p… de processeurs. De même un appareil photo numérique EST un ordinateur (très spécialisé) : son logiciel interne peut recevoir des mises à jour (je ne dis pas que c'est facile) sans qu'il faille modifier l'appareil.


Prévisible/explicable ? Vous avez sûrement souri. Pourtant, dans un ordinateur, il n'y a pas d'effet sans cause : si  ça ne marche pas  la raison en est une erreur humaine (de vous, interface entre la chaise et l'écran, ou des concepteurs) ou une cause physique (du crash disque incontestable à la perturbation électrique fugace). En y mettant les moyens, parfois très lourds, on trouve toujours. Un défaut informatique est un défaut, pas un trait de caractère charmant. Égorger un coq blanc ou brûler un cierge ne change rien pour la bécane – mais peut apaiser son utilisateur, ce qui aide à résoudre le problème.

Léger hors-sujet mais qui corrobore le point précédent : il est très difficile de produire du vrai hasard sur un ordinateur, on se contente le plus souvent de nombres pseudo-aléatoires.


Ce qui nous amène à conclure par une brève séquence philo : malgré son évidente puissance de traitement et ses capacités d'adaptation, un cerveau n'EST PAS un ordinateur. Imprévisible et inexplicable certes, mais ce n'est qu'une conséquence de la vraie cause : il n'y pas de documentation du constructeur.


Pourquoi dire tout ça, qui est un peu long ? Parce qu'il y en aura besoin dans les épisodes suivants.

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