Paris, photo, humeurs, un peu de HTML/CSS pour faire sérieux. Feinte innocence et vraie naïveté (ou vice-versa). Encore un blog qui agite ses petits bras en couinant "Viens me lire !"
J'ai dix ans
Ça fait quinze ans que j'ai dix ans…
Je suis nettement plus vieux que Souchon : vingt-cinq ans – et bientôt trente ans que ça dure. De temps à autre, tout de même, le pointillé que j'ai franchi se fait plus visible.
La soirée était douce lorsque, voilà quelques années, je l'ai frôlé une première fois.
Je promenais carcasse et bouffarde par des rues calmes, le pas tranquille et l'esprit agréablement vide.
Elle promenait par les mêmes rues un grand chien noir tout frisé, une chevelure aussi noire et bouclée que son compagnon, une clope blonde et veuve de flamme.
J'avais remarqué la cigarette, elle a repéré la bouffarde, s'est approchée. La suite était prévisible : elle m'a demandé du feu – on me demande souvent du feu.
Elle y a mis une politesse déroutante : Pardon Monsieur, avez-vous du feu ?
Échange de sourires, plaisanterie rituelle : Oui, tenez. Je me demande bien ce qui vous a fait penser que je pourrais en avoir ?
, puis Savez-vous où trouver un tabac ouvert dans le quartier ?
. Il se faisait vraiment tard, la question n'avait rien d'un prétexte – je ne sais, de toute manière, pas entendre entre les mots.
— Par là à gauche, tout droit un moment, au coin de la place : vous ne pouvez pas le manquer.
— Merci Monsieur, bonne soirée.
— Bonne promenade Mademoiselle.
Un homme qui serait en peine de connaître s'il change, s'il commence à vieillir, peut consulter les yeux d'une jeune femme qu'il aborde, et le ton dont elle lui parle : il apprendra ce qu'il craint de savoir. Rude école.
La Bruyère