Paris, photo, humeurs, un peu de HTML/CSS pour faire sérieux. Feinte innocence et vraie naïveté (ou vice-versa). Encore un blog qui agite ses petits bras en couinant "Viens me lire !"
Article purement anecdotique, garanti sans colorant ni explications de JavaScript.
Après avoir montré mon étincelant sourire à une accorte praticienne qui en avait vu beaucoup d'autres, je sortis du cabinet avec en poche une photo dudit sourire. Très jolie et très fidèle photo artistique en noir et blanc ; pour trente euros (une misère) tout était là, y compris les métaux précieux thésaurisés dès ma folle jeunesse – avec un tel gisement, ça peut bien étinceler.
Bref : je venais de me faire faire une radio panoramique des dents, prélude à de vastes travaux odontologiques. Cela vous est, je l'espère, totalement équipotentiel.
Le principal intérêt de l'exercice était de m'avoir transplanté dans un quartier où je n'ai pas mes habitudes. Le beau temps et le simple plaisir d'être en vie m'incitèrent à rentrer à pied.
Quelle imprudence… Satan guettait sur le chemin.
Il guettait d'abord, bien naturellement, sur le boulevard Voltaire.
Sur le boulevard Voltaire il y avait des caisses.
Des caisses de vin de Bordeaux.
Posées ouvertes sur des tables.
Des caisses vides.
Presque.
Vides de vin.
Mais pleines de livres.
Pas chers.
Pas chers du tout, des livres d'occasion.
Et derrière les tables placées sous les caisses, il y avait la librairie.
Une grotte à bouquins comme je les aime, voyez plutôt :
Rude épreuve dont je ne pouvais sortir indemne. Désormais lesté d'un sac de livres, il me restait à choir une deuxième fois.
N'y avait-il donc pas dans les environs une boutique fort sympathique ?
Une boutique sans livres, sans caisses sur le trottoir, mais pas sans vin :
Deuxième épreuve, deuxième chute (caves Bernard, 65 rue de Montreuil, Paris XI). Au sac de livres venaient de s'ajouter cinq litres de Bourgogne Grand Ordinaire. Fière modestie, j'aime bien la façon dont les Bourguignons parlent de leur vin : ils ne font ni des domaines, ni des châteaux, simplement du vin ordinaire
s'il ne mérite pas le nom de leur village. Lorsqu'ils lâchent il est bon
, tout est dit.
Le salut était proche, je retrouvais mes terres, cette rue intime, quasi campagnarde – quasi : un village où les maisons ont six étages n'est pas un hameau, c'est un quartier de Paris.
La rue offre sa pente traîtresse, ses arbres et son tracé négligent juste à côté d'un boulevard tiré au cordeau. Si je ne me suis pas trompé en regardant de vieux plans, elle occupe le lit d'un ancien ruisseau qui doit couler toujours, devenu égoût.
Il s'y trouve une boulangerie. Entré pour un honnête pain de campagne, il était dit que je cherrai une troisième fois.
Vade retro ! Mais tu prendras bien un petit sachet de guimauves ? De la guimauve maison ? Aujourd'hui c'est cassis. Mmmh ? Mgnioum !